Je plonge dans le trou béant, ce matin
rejoindre mécaniquement ce monde souterrain
La nouvelle génération de taupe, nous sommes
marchant dans ces galeries creusées par les hommes.
Sur le quai tous regardent le tunnel sombre
d’où va surgir le bruyant serpent de métal
qui ouvrira ses gueules vomissant le bétail
emmenant sa nouvelle cargaison vers l'ombre.
Une femme pleure mais personne ne la regarde
Elle est triste, elle a eu une mauvaise nouvelle?
Son mari l'a quitté pour une plus belle?
Une maladie lui prend le fils qu'elle garde?
Personne dans ce lieu ne saura la raison.
Les gens baissent la tête de peur qu'on les toise.
Ils ne veulent pas se dévoiler, montrer leur prison.
Ne pas paraître comme ceux que leur regard croise
Un jeune monte, la musique en serre-tête
les yeux roulant sur le jeu de sa console
Il est le pendant des personnages, de ses idoles
Propulsé dans un monde qui le ballotte, l'entête.
Continuant son trajet malgré les bousculades
Il ne retiendra que le bruit, les roucoulades
de ses écouteurs et les images de l'ordinateur
S’en allant laissant les gens à leur torpeur.
Cette jeune femme qui tranquillement se maquille
Il y a dix ans elle n'aurait pas osé cette fille.
Aujourd’hui pour elle le métro est l'espace temps
Plus chez elle, pas au travail elle prend l'instant.
Avec dextérité malgré les secousses elle s'embellit.
Elle doit faire bonne figure, ôter les rides de la nuit.
De mascara et de fond de teint elle gomme, aplanit
Deux stations encore et le miracle s'accomplit.
Cette petite vieille qu'en finit pas de parler.
Elle houspille, bouscule les gens invités.
Critiquant la publicité parlant de sexualité
Elle prend à partie, nous force à l'écouter.
Ceux qui ne la connaissent pas sont étonnés.
Mais ce qu'elle dit n'est pas dénué de certitude
Ce sont des vérités basiques des choses sensées
Elle prend le choix de les crier pour éviter la solitude
Ce mendiant qui chaque jour sort sa rengaine.
Un discours auquel lui ne croit même pas
Réclamant quelqu’argent pour un repas
Grâce à nous il sentira moins la haine
Chaque jour le propos s'enrichit d'un couplet.
La maladie, le chômage, le malheur au complet
Rendant les gens complices de ses ennuis
Il part nous laissant finir notre nuit
On n'est jamais si seul que dans une foule
Si différents et pourtant si proches
On voit les gens, on les croit moches
Pourtant en dedans il y a un cœur qui roule.
Le métro poursuit sa couse infernale
Un virage les corps s'entrechoquent, se touchent
Une décharge électrique des sourires débouchent
Un souvenir doux restera de cette heure matinale
vendredi 2 février 2018
Les Taupes
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Il a y a des jours.
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